29 mars 2017

Ce que je ferai ma mère l'a fait avec mon père comme les animaux que j'ai vu je me transformerai aussi en animal lorsqu'Il aura rempli ses yeux de la rose à mon cœur les hommes touchent d'abord les seins puis ensuite pour le baiser je serai seule avec Lui je dois manger des légumes et des fruits du jardin surtout des fruits pour que ma bouche sente bon je serai nue sous ma robe de mariée pour la première fois juste une chemise nue comme à ma naissance laver à l'eau froide dans toutes les parties de mon corps l'eau froide est plus pure mes cheveux aussi je ne veux pas qu'on les coupe de force je me débattrai qu'est-ce qu'elles veulent faire de tous ces cheveux je prendrai beaucoup d'eau s'il y en a assez à cause des maladies et de tout le reste je remonterai mes ongles sur mes doigts à un moment qu'Il m'indiquera que je comprendrai en y pensant j'ai chaud j'ai peur de m'évanouir j'enlèverai ma robe le sang coulera comme dans la nuit le sang à coulé la première fois et je connaîtrai ce que font les gens mariés la nuit le mystère quand ils ont enlevé leurs vêtements je n'ai pas peur nous fermerons la porte de notre chambre nous serons seuls nous échangerons les secrets de nos vies même les secrets oublié la mémoire nous reviendra

Katherine L. Battaiellie La robe de mariée  collection Livrets d'art éditions marguerite waknine septembre 2015

La robe de mariée de Marguerite Sirvins

À certains endroits la robe est de fil fin de dentelle transparente pour laisser passer l'air au printemps et parce que mon corps peut se révéler à mon Epoux avant qu'Il en prenne possession à d'autres endroits je brode la robe épaisse pour rester pudique et préserver avec juste l'air dont j'ai besoin pour me tenir elle ne sera pas décolletée chaque jour je dois la protéger des mains malveillantes des tâches des mauvaises odeurs de cuisine d'urine des mouches des fourmis grâce aux fleurs de la cour en cachette dans ses plis le col sera joli comme une guirlande autour de mon cou quand je brode je pense à l'amour j'oublie tous les obstacles les morts et les vivants qui changent de place nos liens de parenté avec eux on ne sait plus qui est mort qui est vivant même moi je ne sais plus qui je suis si je suis toujours la même et broder me rassure sur la vie  

Katherine L. Battaiellie Collection Livrets d'art éditions marguerite waknine septembre 2015

6 août 2016

PANOPTICA DEVIENT PANTOPICA

10 mai 2016

1 avr. 2016

Cassette 33 longue durée*



"Je n'ai rien à dire de ce que je pense et de ce que je fais, aujourd'hui, par ce que tout cela est déjà écrit, dans des textes récents et anciens de moi, et que j'ai déjà fort à faire avec ceux-ci, c'est-à-dire que dans quelques écrits que ce soit de moi il y a très souvent, trop souvent, une idée juste, c'est-à-dire une idée actuellement juste, pour quelques dix années seulement, prise dans une image fausse, ou dans un ensemble d'images faux, c'est-à-dire impensable, impossible dans le réel actuel, mais dans un réel d'une acuité beaucoup plus longue que la précédente. Je n'ai rien à dire parce que je suis vraiment ignorant, ignorant du droit, ignorant du sexe, ignorant de la psychanalyse ancienne et moderne, ignorant de la philosophie, ignorant de la science. Je n'ai rien à dire aussi et surtout parce que j'ai peur.

J'ai peur de quelque chose de très précis, qui m'est extérieur et intérieur à la fois, qui me regarde et que je regarde, et qui est la folie.  Je pèse le mot et je dis, et j'écris surtout : folie. J'ai peur parce que, aussi profond que j'aille dans moi-même, j'y retrouve toujours la même chose, c'est-à-dire l'homme. J'ai peur parce que je dois manger de la bête tous les jours. J'ai peur parce que mon sexe costaud arqué vers le bas par la coutume de masturbation ne peut convenablement agir dans l'opération sexuelle dite de base, parce que cet organe ne peut pénétrer que plié en deux dans le trou de l'autre.

L'eau casse le bâton. Mon organe ne tient pas les promesses de mon corps, de ma stature. Il tient plutôt de la mamelle paternelle, et beaucoup s'en contentent. J'allaite, j'allaite. 

J'ai peur parce qu'avec l'âge les journées d'adultes se font de plus en plus courtes en regard de celles de l'enfance, si longues parce que l'enfant n'a pas de sexe, et ce, quelle que soit la saison. J'ai peur parce que je n'ai de haine ni de mépris pour personne. J'ai peur parce qu'écrire me séparent de la horde. J'ai peur parce que je peux encore tourner par écrit autour de ma folie. J'ai peur parce que j'ai de plus en plus peur de me retourner sur ce que je viens d'écrire, comme si peut-être je craignais de faire disparaître ainsi le seul objet, la seule durée avec lesquels je sache encore tenir le souffle. J'ai peur, mais cela depuis toujours, j'ai peur pour les autres. Peur pour leur sécurité. Peur quant à la sauvegarde de leur survie organique, juridique, administrative, mentale. Sur ce dernier point je n'ai pas assez progressé dans le respect de la liberté de l'autre. Si je savais enfin pénétrer dans l'autre, le violer, peut-être aurais-je moins peur pour sa vie. Toutes ces peurs ne sont pas des craintes, ce sont des terreurs. Je n'ai peur ni de moi–je l'ai prouvé–ni de ce sexe, ni de ces trous auxquels il devrait se plier, ni de ces bouches qu'il allaite, ni des hommes ni des femmes–je l'ai prouvé–, mais j'ai peur de l'histoire."

 

Pierre Guyotat, Vivre, édité en 1984. Ed. folio 2003 p.187 et suivantes.

*Cassette 33 tours longue durée",  texte tiré d'un entretien avec Mathieu Lindon, Denis Jampen et Dominique Savoye, Minuit, n°23, mars 1977.

 

22 avr. 2015

Spank Intense

Y'aurait-il un message ? Par quel heureux hasard me retrouvais-je à ce carrefour ce jour-là? En tous les cas, j'aurais aimé avoir eu l'idée moi-même...Il est temps que les affaires reprennent.

19 juin 2014