19 juin 2012

Amours chiennes

Il faut sortir faire pisser la chienne.

18h53. Je suis en tenue de jogging. Je fais mon ménage, je frotte, j’astique, je récure. Mon téléphone sonne.

18h55. Je raccroche. Il me dit qu’il débarque. Ranger l’aspirateur. Se passer de l’eau sur le visage. Ma sale gueule dans le miroir. Il faut sortir faire pisser la chienne.

19h15. Ca sonne. Il est là. Il me sourit. Nous sommes heureux de nous retrouver, l’atmosphère est légère. Nous buvons du vin. Nous discutons de tout de rien. Il faut sortir faire pisser la chienne.

20h53. Il doit partir. On l’attend. Je le serre fort. Il me serre fort aussi. Il m’embrasse. Il me roule un patin. Ca bave dans tous les sens. Il faut sortir faire pisser la chienne.

21h10. La galoche n’en finit plus. Je l’arrête gentiment. Je sors la première. Je l’attends dans le couloir pour qu’il me suive. Ce qu’il finit par faire. Il faut sortir faire pisser la chienne.

21h12. Il s’approche de l’ascenseur. Je me dirige vers les escaliers pour éviter que la galoche ne reprenne. Il me suit. Il faut sortir faire pisser la chienne.

21h13. Nous sommes dehors. Il est garé devant l’immeuble. Je lève la main pour le saluer et commence à m’éloigner de sa voiture. Nous nous saluons ainsi. Il faut sortir faire pisser la chienne.

21h14. Je n’ai rien compris. Je ne sais pas ce qui lui a pris. A vingt mètres de la voiture je pousse un cri. Un mec se retourne. Je trace en courant. Il faut sortir faire pisser la chienne.

21h20. Cinq minutes que je cours. Que je me refais le film. Ca n’est toujours pas clair. Je ne tiens plus. Je m’arrête entre deux voitures, je baisse mon pantalon de jogging. Dans l’obscurité d’entre deux candélabres.

C’est terminé. Soulagée.