19 juin 2014

16 mars 2014

SOUMISSION J'ECRIS TON NOM

Sur mes cahiers d’écolier

Sur mon pupitre et les arbres

Sur le sable de neige

J’écris ton nom

Sur toutes les pages lues

Sur toutes les pages blanches

Pierre sang papier ou cendre

J’écris ton nom

Sur les images dorées

Sur les armes des guerriers

Sur la couronne des rois

J’écris ton nom

Sur la jungle et le désert

Sur les nids sur les genêts

Sur l’écho de mon enfance

J’écris ton nom

Sur les merveilles des nuits

Sur le pain blanc des journées

Sur les saisons fiancées

J’écris ton nom

Sur tous mes chiffons d’azur

Sur l’étang soleil moisi

Sur le lac lune vivante

J’écris ton nom

Sur les champs sur l’horizon

Sur les ailes des oiseaux

Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

Sur chaque bouffées d’aurore

Sur la mer sur les bateaux

Sur la montagne démente

J’écris ton nom

Sur la mousse des nuages

Sur les sueurs de l’orage

Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

Sur les formes scintillantes

Sur les cloches des couleurs

Sur la vérité physique

J’écris ton nom

Sur les sentiers éveillés

Sur les routes déployées

Sur les places qui débordent

J’écris ton nom

Sur la lampe qui s’allume

Sur la lampe qui s’éteint

Sur mes raisons réunies

J’écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux

Du miroir et de ma chambre

Sur mon lit coquille vide

J’écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre

Sur ses oreilles dressées

Sur sa patte maladroite

J’écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte

Sur les objets familiers

Sur le flot du feu béni

J’écris ton nom

Sur toute chair accordée

Sur le front de mes amis

Sur chaque main qui se tend

J’écris ton nom

Sur la vitre des surprises

Sur les lèvres attendries

Bien au-dessus du silence

J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits

Sur mes phares écroulés

Sur les murs de mon ennui

J’écris ton nom

Sur l’absence sans désir

Sur la solitude nue

Sur les marches de la mort

J’écris ton nom

Sur la santé revenue

Sur le risque disparu

Sur l’espoir sans souvenir

J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot

Je recommence ma vie

Je suis né pour te connaître

Pour te nommer

マスタ

15 mars 2014

14 févr. 2014

LE TEMPS Où TU TE TROUVES


Je voulais t’écrire une lettre qui ait un rapport au temps, une lettre qui parlerait de toi, qui parlerait de nous et notre histoire déroulée dans une abstraction diffuse du temps.
Comme si nous étions deux corps mouvants se déplaçant dans la brume épaisse d’un matin frais. Deux corps qui s’aperçoivent parfois, qui se reflètent de temps à autre près d’un étang et deux corps qui disparaissent l’un de l’autre. L’un dans la brume ou dans l’image de l’autre, évanescents, pétrifiés dans le trouble et le tumulte de l’autre. Au moment où je te perçois, poindre le bout de ton œil brillant, seul un morceau de toi se démêle dans la vapeur opaque et pourtant, à ce moment-là, à cet endroit-là, c’est bien toi tout entier que je trouve là. Quel est ce temps, quel est ce moment où tu es là mais où je ne vois pas, où tu es là  mais je ne perçois pas, où tu es là  mais je ne sens pas. Ce n’est ni hier ni demain, ce n’est ni clair ni obscur, c’est là, à cet endroit-là, à ce moment-là. Est-ce là une image qui se propose à moi, une présence, un visuel, une impression, une abstraction, une sensation : es-tu léger, es-tu massif, es-tu mort, es-tu vivant ? Le temps-être, le maintenant vivant. D. est le temps. Et je sens à l’écriture de ces mots sa présence, en moi, infinie.  La forme pure à chaque instant. La capture fugace d’un équilibre parfait. Ici et maintenant. Et le temps subsiste. Le temps vole au-dessus de nos têtes. Mais qui es-tu toi dans le nuage épais, es-tu l’odeur, es-tu l’horreur, es-tu l’amour, es-tu le crime, es-tu le maître, es-tu le chien, es-tu affecté, es-tu indifférent ? Tu es, dans toute ta place l’infinie manière. Et je dis bien manière ; gai ou triste, actif ou passif. Tu es dans toute ta transparence le remplissage du vide. Tu tiens entre deux de tes doigts l’imparfaite rondeur cosmique de ton œil. Tu es le tout, tu es ma partie. Aussi grand que puisse être notre astre nocturne, la lune  et le ciel se logent tout entier dans cet œil fractal et panoptique qui renvoie à des milliards d’étoiles aussi proches que lointaines.
Tout cela n’est peut-être pas très clair, mais pourtant, il te situe là où tu n’es pas. Il te ne fige pas à un endroit où tu es censé te trouver.
Entre la forme et l’informe, entre le fini et l’indéfini, tu es là. Tout entier. Tu captures le temps par ta mouvance, ta disparition avant, ta disparition après. Ta présence avant, ta présence après. Ton absence à l’instant T. Un envol, un survol, un élan, qui ne peuvent se saisir que par un processus d’indifférence et de retrait, où l’on oublie son égo pour atteindre l’écoulement du temps, une pure vacuité mentale, où naît l’éveil à l’événement. Ton coup de clave est le miroir de mes émotions,  ton fouet fendant l’air est l’immensité du monde. Ta main sur ma peau diffuse le goutte-à-goutte de ma poche à perfusion endomorphique.  Ta mouvance est l’océan de ma perte.
 Ta volatilité est l’étang de mon orgasme.


LA PLACE Où TU T’ECOULES. Et à cet endroit, je t’aime, de toutes mes forces.