Les premiers tentent de vous rassurer ; tu verras tu ne sentiras rien.
║
Puis viennent ceux qui laissent penser ; résiste un peu et advienne que pourra. Tu seras peut-être une madone.
∙∙∙
Ceux qui ne laissent pas le choix : Madone ? Toi ? Jamais ! A jamais : ma Putain !
∙∙∙
│
Il y a ceux qui vous disent ; plus tard, plus tard, ma poule on verra. Moi, la relation me plaît comme ça. Chacun y trouve son compte. Moi je prends, toi tu donnes ?
∙│∙
│
Ceux qui vous disent ; bande-moi les yeux y’aura peut-être moyen, mais moyen de quoi ? Ma tête ne te revient pas ! Dis-le comme ça, un point c’est tout. Ouhh…j’ai mal à mon p’tit égooooo…
∙
Ceux qui vous disent ; d’accord, ok, attache-moi les mains et y’aura sûrement moyen, moyennant quoi…1,50 euros.
−
Enfin (mais la liste n’est pas exhaustive) ceux qui ont l’art et la manière, la grâce et le savoir-faire, et qui, la bouche en cœur, vous expliquent que quoi qu’il arrive, ça n’arrivera pas. Ceux-là sont proches de la perfection autant le dire.
*
Doux, attentifs, ne manquent jamais de rien, ni de tact. Cependant, ils vous ignorent tout en vous souriant chaleureusement. Ils sont la cravache du Petit Prince, l’épine de la rose, les dents derrière la lèvre pulpeuse. Ce sont donc ceux-là que je choisi sur l’étal du marché du mec, entre les monstres et les blaireaux, les cons et les macarons, ceux avec lesquels je m’acharne, je rame, je maudits mais surtout ceux dans lesquels je me noie allègrement. Ceux avec lesquels j’exprime enfin ma prépondérance pour le pathétique, ma prédisposition au suicide, mon habileté pour la jérémiade, mon goût pour la fessée et toute la spontanéité de mon masochisme. Miam. Ce sont aussi ceux qui alimentent en permanence votre four à rien. Du foutre ? Non. Rien. Platonique. Concrètement, il ne se passe rien. Tout se joue sur le rythme de la gaîté outrageante alternant avec une nostalgie affligeante.
Pas la moindre trace de petite chance si infime soit-elle que ça puisse fonctionner !
***
Ainsi, la situation opportune, c’est-à-dire -N’IMPORTE LAQUELLE - créée l’instant magique, le guacamole du quotidien, le pamplemousse qui éclabousse votre hémisphère droit, l’échappée orgasmique au sésame, l’envolée lyrique, la fantasmagorie compensatoire au lait concentré sucré.
C’est dimanche. Merci messieurs dames, vous qui rentrez dans mon champ visuel un peu sur les côtés là comme ça voilà ; vous ne m’apportez rien de plus, rien de moins, que les autres dimanche et pourtant oui, aujourd’hui, toute la matière dont j’ai besoin pour « nous » imaginer (ce « nous » qui n’existe pas rappelons-le) en train de flotter au dessus de vous (qui êtes bien là oui vous en train de siroter votre bière), et que des éclairs bleus ou des tiges de lierre mauves (c’est toi qui dira! Ou peut-être n’existes-tu pas ?) nous lie d’une étrange osmose, aussi étrange qu’elle t’est étrangère n’est-ce pas ?
Lundi matin ; les yeux dans le brouillard du café, à hauteur de la tasse quasi en-dessous des genoux. Comme j’aime me retrouver dans une nostalgie tristement cyclothymique…le cœur cortado en dos, étalé sur la table de la cuisine estampillé d’un broyant : « Crève ».
Ce sont donc ceux-là que j’ai décidé de prendre pour amants, ceux qui ne savent pas qu’ils sont amants. Car avec eux, ou bien avec « nous » qui n’existons pas, donc avec moi qui aie créé ce « nous », parce qu’avec ----JOKER---bref ---parce qu’entre nous : c’est pour toujours. Cette relation qui n’existe pas, ne s’efface pas parce qu’elle ne commence pas, ne finit pas. Parce que c’est toi qui dit, c’est toi qui fait, l’autre n’interfère pas, importe peu. Dans ces non-relations-là, il te suffit de secouer l’ardoise magique, pour que tout seul comme un grand, tu y réinscrives un joli dessin, qui fera sûrement, grâce à ton imagination débordante, une jolie histoire. Secoue, secoue-moi et tu ne sentiras rien, tu n’auras même pas eu le temps de t’apercevoir de quoi que ce soit. Oupsss…j’ai mal à mon p’ti c...
*
Parfois on me demande : Tu es avec quelqu’un en ce moment?
Ce à quoi je réponds ; « -Toujours un peu, jamais vraiment.
-Ta relation ? - Compliquée. »